Notre-Dame-La-Grande a été dotée d'un orgue vers 1400 et 1489, puis en 1622 par le Poitevin Jehan Oury. Les inventaires révolutionnaires citent "un petit orgue délabré au-dessus de l'entrée". Après la construction de l'orgue de choeur par Ducroquet en 1856, Merklin construit un grand orgue en 1885. Muni d'un buffet à deux corps, l'instrument souffrira de sa mauvaise disposition mécanique et acoustique.
Dès 1972, le remplacement de l'orgue est envisagé avec l'objectif de réaliser un instrument différent des autres orgues de la ville, qui puisse jouer le répertoire baroque allemand.
L'orgue commandé à Yves Sévère en 1989 a été installé et inauguré en 1996. C'est grâce au soutien indéfectible du Père Curé Robert Morin et à la ténacité des organistes que le projet a pu aboutir.
La composition de l'instrument a été conçue par Yves Sévère et les organistes sous le contrôle de Jean-Pierre Decavèle, technicien-conseil du ministère. Pierre Chéron a établi les diapasons des tuyaux et la composition des plein jeux, Jean-Pierre Conan a assuré l'harmonisation. Alain Léon entretient l'orgue depuis 1998, avec un relevage en 2007.
Aboutissement d'une longue recherche, l'instrument d'Yves Sévère a une disposition résolument contemporaine en rapport avec les mouvements de l'édifice, disposition qui tient compte des impératifs de transmission et de plans sonores. La charpente métallique assure la cohésion de l'ensemble. Les larges plates faces en forme de flûte de Pan (la forme primitive de l'orgue) sont munies de plafonds incurvés, véritables réflecteurs sonores élancés qui renvoient le regard vers l'architecture. L'alimentation en vent, sans réservoirs, munie de régulateurs sous les sommiers, est totalement repensée et permet à l'orgue de respirer largement. Le système de doubles soupapes donne au toucher rondeur et précision quel que soit le nombre de claviers ou de jeux utilisés.
Ici, tout est au service de l'organiste et de l'expression musicale. L'orgue jaillit dans l'édifice, bateau à voiles dans la nef, ou oiseau aux ailes déployées qui souffle l'esprit de la musique.
M. Bécheras - D. Ferran